Communication de crise : les collectivités en première ligne
Toujours
redoutée, parfois évitée, et plus rarement anticipée, la crise survient
le plus souvent brutalement. La diversité de ses formes et de ses
origines la rend difficilement contrôlable. Comme toute institution,
les collectivités peuvent être confrontées à une crise majeure
extérieure. La communication constitue alors un élément essentiel de la
gestion de l'événement. Exemples liés à quelques crises récentes.
Imprévisible,
limité dans sa durée... la crise répond à un certain nombre de
caractéristiques. Son ampleur dépend à la fois de la gravité de
l'événement lui-même et de sa médiatisation. Au-delà de la gestion
directe de la situation et de ses conséquences, la crise entraîne un
important déficit d'image pour l'institution : perte de confiance,
discrédit de ses dirigeants, risque d'apparition d'une nouvelle
crise... D'où l'importance de rester maître de sa communication, en
privilégiant une attitude active face à l'événement. Or, en ce domaine,
les collectivités locales sont souvent confrontées à un handicap
supplémentaire. En effet, si la crise se déroule effectivement sur leur
territoire, elles n'en sont généralement pas à l'origine. Un retour sur
l'actualité récente permet de le vérifier : naufrage du Prestige,
inondation dans le Gard, explosion de l'usine AZF à Toulouse,
fermetures de sites industriels (usine Matra de Romorantin, Metaleurope
à Noyelles-Godault dans le Pas-de-Calais, Moulinex en
Basse-Normandie)... Autant d'événements auxquels les collectivités
doivent faire face, tout en n'en portant pas la responsabilité. Cette
situation paradoxale a des répercussions directes sur la gestion de la
communication pendant la crise. En raison de leur proximité par rapport
à l'événement, les collectivités font l'objet d'une sollicitation et
d'une pression importantes de la part de la population et des médias.
C'est souvent vers elles que se tourne en premier lieu l'opinion pour
connaître les mesures prises ou les solutions envisagées. Dans ce
contexte particulier, la collectivité concernée doit respecter trois
règles essentielles dans sa gestion de la communication : occuper le
terrain, jouer la transparence et parler d'une seule voix.
Adopter un discours cohérent
En effet, un silence prolongé peut rapidement
devenir, aux yeux de l'opinion, synonyme d'incompétence voire de
dissimulation : "ils savaient, mais ils n'ont rien fait". Par ailleurs,
en cas de silence, d'autres acteurs - par nature non maîtrisables -
prendront la parole en défendant parfois des positions allant à
l'encontre des intérêts de la collectivité. D'où la nécessité de
s'exprimer et de rendre compte de son implication dans la gestion de
l'événement. Toutefois, pour être efficace, cette démarche active doit
être cohérente. L'idéal est de constituer une cellule de crise, afin de
coordonner les interventions de la collectivité. Dans ces conditions,
une préparation préalable de chaque intervention est souhaitable et le
choix de l'interlocuteur n'est pas anodin. Si les élus doivent
s'exprimer, notamment en cas de mise en cause de la collectivité ou de
la gravité de la situation, d'autres personnes peuvent également
prendre la parole. C'est le cas d'un responsable administratif ou
technique, par exemple, choisi en fonction de la nature de la crise.
La mise en place d'une stratégie et d'une organisation particulières de
la communication est nécessaire car, en période de crise, un élément
extérieur vient souvent perturber le discours de la collectivité : la
rumeur. Expression d'une peur, d'une méfiance ou d'une rancoeur à
l'égard de l'institution, elle interfère avec la position défendue par
la collectivité, jusqu'à la discréditer, dans certains cas.
Lutter contre la rumeur
Deux exemples récents viennent illustrer la
difficulté de développer et de maintenir une position cohérente en
période de crise. Le premier se déroule dans le contexte
particulièrement dramatique des inondations de la Somme en 2001. Alors
qu'une partie du département et que les deux tiers de la ville d'Amiens
sont inondés, Paris bénéficie d'une situation plus clémente. Après une
semaine de crue, la Seine retrouve en effet son lit et les voies sur
berges sont réouvertes à la circulation. La rumeur qui se répand
rapidement est toute trouvée : les Picards auraient été volontairement
sacrifiés au profit des Parisiens. "On" aurait sciemment détourné les
eaux du canal du Nord vers le bassin de la Somme pour éviter d'aggraver
la crue de la Seine. De l'ingénieur hydraulicien au Premier ministre,
en passant par les élus locaux, tous ont eu beaucoup de mal à enrayer
la rumeur. Dans un climat d'inquiétude et de détresse, rien de plus
difficile que de contrer - arguments objectifs à l'appui - cette
rumeur. En situation de crise, le simple fait de mentionner son
existence suffit à légitimer son bien fondé. Un véritable casse-tête
pour les directeurs de la communication, par ailleurs confrontés à bien
d'autres soucis dans une telle période.
Avec une moindre ampleur, un phénomène de ce type est également apparu
lors de l'arrivée, sur la côte Basque, des premières nappes de pétrole
échappées des cuves du Prestige. Surfeurs intoxiqués ou encore
pollution de l'eau utilisée dans les établissements de
thalassothérapie, la rumeur a une nouvelle fois sévi, obligeant le
maire de Biarritz à s'expliquer à plusieurs reprises sur le système de
pompage de l'eau opérant sous le sable et donc protégé en cas de
pollution de surface.
Si la rumeur et, plus généralement, la crise sont souvent mal vécues
par les collectivités qui y sont confrontées, elles possèdent une vertu
inattendue. Elles obligent - sous peine d'une perte de confiance et
d'image - à une plus grande transparence dans la gestion de l'événement.
Pascal Clouet / PCA pour Localtis
"Les maires se trouvent en première ligne"
De
l'Erika au Prestige, nombreuses sont les communes et les collectivités
territoriales à devoir faire face aux conséquences d'une pollution
maritime. Pour Bernard Robert, délégué général de l'Association
nationale des élus du littoral (Anel), elles ont un rôle essentiel en
matière d'information.
A l'occasion d'une pollution, quelles sont les premières difficultés auxquelles doivent faire face les communes ?
Par
nature, la pollution est un événement subi par les communes. Les maires
se trouvent en première ligne, alors qu'ils n'ont aucune responsabilité
dans l'origine ou le déroulement de la catastrophe. De cette position
particulière naît parfois un sentiment d'impuissance et d'isolement.
Les maires se sentent seuls au moment où ils font l'objet de
sollicitations de toute part : des habitants, biens sûr, inquiets de
l'évolution de la situation, mais également des médias en quête
perpétuelle de la moindre information. Dans ce contexte, la place de
l'élu est plutôt inconfortable, car il ne dispose le plus souvent que
de renseignements partiels, voire parfois d'aucune information,
notamment au début de la catastrophe. Dans ces conditions, la maîtrise
de la communication n'est pas toujours aisée.
En cas de crise, quelles sont les recommandations de l'Anel dans la gestion de la communication ?
Nous
n'avons pas de position de principe sur le sujet. Les maires doivent
rester maîtres de leur communication. Néanmoins, compte tenu de
l'importance de leur place en cas de catastrophe, l'Anel a exigé que
les élus concernés soient systématiquement présents dans les cellules
de crise mises en place par l'Etat, à l'occasion d'un événement de ce
type, ce qui n'était pas toujours le cas. Ils doivent être au coeur des
circuits d'information et de décision. Il est nécessaire que les élus
soient associés, ou au moins informés des décisions prises sur la
gestion de la crise. En matière de communication, je pense que les
maires doivent adopter une position intermédiaire et jouer la
transparence. Ils doivent notamment conserver la maîtrise de leur
communication face au bruit de fond médiatique qui les environne. A ce
titre, l'exemple du Prestige est significatif. Le catastrophisme
ambiant du début et les images chocs diffusées en boucle ont créé un
décalage entre la perception de l'événement et sa réalité dans
certaines communes du littoral.
Dans ce contexte, comment une commune peut-elle gérer le risque de dégradation de son image ?
Personne
n'aime voir l'image d'une plage ou d'une côte souillée par des galettes
de pétrole. C'est encore plus vrai pour un maire, compte tenu des
implications d'un tel événement sur les finances, le tourisme ou
l'activité économique de la commune. Face à l'événement il faut être
réactif et montrer que la commune agit sur tout les fronts. Depuis
l'achat de matériels et le déploiement d'équipes de nettoyages placées
sous la responsabilité des autorités compétentes, jusqu'aux actions
juridiques entamées à l'encontre des responsables de la pollution, tout
peut donner matière à communication. Même si cette forme de
communication est subie plutôt que voulue, elle a parfois des effets
positifs. Compte tenu des efforts et des moyens très importants engagés
dans les actions de dépollution et de nettoyage quotidien, certaines
plages n'ont jamais été aussi propres. Certaines communes n'ont
d'ailleurs pas manqué de le faire savoir et la propreté retrouvée est
devenue un argument essentiel dans les différentes actions de
communication touristique.
Prévenir la crise : l'exemple de l'ambroisie
Une
crise est-elle évitable ? Si le risque existe toujours, les moyens pour
lutter contre ses conséquences font largement appel à la prévention et
à l'information. Ainsi, chaque été, plusieurs collectivités de la
région Rhône-Alpes se mobilisent pour sensibiliser la population aux
risques allergiques provoqués par une plante nuisible : l'ambroisie.
Communément
surnommée "fausse moutarde", l'ambroisie est une plante dont le pollen
peut provoquer des réactions allergiques chez de nombreuses personnes :
environ 6 à 12% de la population est sensible à l'ambroisie.
Essentiellement présente en Rhône-Alpes, la plante y a rapidement
trouvé toutes les conditions nécessaires à son développement. Sachant
que cinq grains de pollen par mètre cube d'air suffisent pour
déclencher l'apparition des premiers symptômes irritants (toux,
éternuements, rhinite, trachéite, conjonctivite, asthme, eczéma,
urticaire...), l'impact potentiel de la plante en matière de santé
impose la mise en place de mesures de prévention. Aussi, le conseil
général du Rhône, la communauté urbaine de Lyon et la direction
départementale de l'équipement mènent-ils, depuis plusieurs années, des
actions en faveur de la lutte contre la prolifération de l'ambroisie,
en pratiquant l'arrachage et le fauchage dans différents secteurs. Les
"Brigades vertes" du conseil général et les équipes d'insertion
composées de bénéficiaire du RMI procèdent chaque été - avant la
période de floraison et de pollinisation - à l'arrachage de millions de
plants sur les terrains publics et les bords de routes. Au-delà des
mesures relatives à la prise en charge du risque en amont, plusieurs
collectivités territoriales sont à l'origine d'un important programme
de prévention, reposant sur l'information et la sensibilisation du
grand public et des professionnels. Celui-ci s'appuie sur les
différentes actions de communication menées par la région Rhône-Alpes,
le conseil général du Rhône et le Grand Lyon, avec le soutien des
services déconcentrés de l'Etat (direction régionale de l'action
sanitaire et sociale, notamment).
L'information en temps réel
Le conseil régional, la communauté urbaine de Lyon
(Grand Lyon) et la Drass proposent notamment un guide d'information
complet sur l'ambroisie et les différents moyens de lutte. Créé à
l'initiative du Grand Lyon, ce document a bénéficié du soutien de la
région lors de sa réédition, afin d'élargir la diffusion à l'ensemble
du territoire. Il comprend un guide présentant les caractéristiques de
l'ambroisie et de ses effets, afin de faciliter son identification,
ainsi que des fiches techniques. Au nombre de huit, elles apportent une
information claire et précise sur la conduite à tenir. Destinées au
grand public, aux agriculteurs et aux professionnels susceptibles
d'intervenir sur des secteurs envahis par l'ambroisie, les fiches
présentent les différents moyens de lutte en fonction de sa
localisation (espaces verts, jardins privés, zones agricoles, friches,
voies de communication...). Dans le prolongement de ce guide, le
conseil régional et la Drass ont créé - avec le soutien du Réseau
national de surveillance aérobiologique (RNSA) - un site internet
intégralement consacré à l'ambroisie. Objectif : proposer une
plate-forme d'information actualisée au service des différentes cibles
concernées par l'ambroisie (collectivités territoriales, associations,
corps médical, agriculteurs, particuliers...).
De leur côté, le conseil général et le Grand Lyon ont mis en place,
depuis l'année dernière, un numéro vert permettant de répondre aux
multiples demandes d'information du public et de recenser de nouvelles
zones infestées grâce aux signalements des appelants. En 2002, plus de
1.500 appels ont été enregistrés en trois mois de fonctionnement. Par
ailleurs, les deux collectivités - partenaires pour l'occasion -
mettent à la disposition des communes, une exposition itinérante sur le
thème de l'ambroisie (réglementation, risque sur la santé,
arrachage...). Plus d'une vingtaine de villes en ont déjà bénéficié.
Enfin, le Grand Lyon propose, sur son site internet, un bulletin
allergopollinique couvrant le secteur de la communauté urbaine. Les
informations transmises par le RNSA sont mises à jour à raison de deux
à trois fois par semaine selon l'évolution du risque.
Restaurer l'image et la confiance
Souvent
mise à mal en période de crise, l'image de la collectivité a besoin de
retrouver rapidement un second souffle. C'est le cas, par exemple, de
l'Aquitaine avec la démarche adoptée par le conseil régional après le
naufrage du Prestige.
Première région française confrontée
à la pollution du Prestige, l'Aquitaine a rapidement mis en place une
stratégie de communication adaptée. Au-delà des actions de gestion de
la crise elle-même, le conseil régional et le comité régional du
tourisme ont réalisé, dès le début du printemps, des campagnes centrées
sur le tourisme. Objectif : rassurer le public français et étranger sur
la propreté des plages, en lui donnant une information actualisée et
adaptée. Deux sites internet dédiés ont ainsi été mis en ligne au mois
de mars. Le premier (www.lacote.aquitaine.fr) est principalement
destiné au grand public et aux collectivités locales. Il propose des
informations actualisées sur l'état des plages, les aides de la région
et fournit également de nombreux renseignements pratiques. Le second
(www.plagenet.info) est un site d'information trilingue (français,
allemand, anglais) destiné aux touristes et aux professionnels du
secteur. Si une partie du contenu est commun aux deux sites,
plagenet.info met l'accent sur les autres opportunités touristiques de
l'Aquitaine, et notamment la richesse de son arrière-pays. En plus
des deux sites, le conseil régional a donné au mois de mars le coup
d'envoi de sa campagne institutionnelle pour la période 2003-2005.
Conçue en 2002 sur le thème du tourisme, celle-ci doit, pour sa sortie,
s'adapter au contexte particulier engendré par le naufrage du Prestige.
Aussi, les cinq visuels (un par département) retenus pour l'affichage
et les insertions presse font-ils largement appel aux ressources
touristiques de la région. Dans une période incertaine, où l'image de
plages polluées par des galettes de pétrole est toujours présente dans
les esprits, l'objectif du conseil régional est alors de valoriser les
atouts de la région, tout en renforçant le sentiment identitaire de ses
habitants. Le coût global de cette campagne s'élève à 1,35 millions
d'euros, dont 406.000 pour l'année 2003
Pour sa part, le
comité régional du tourisme mise sur une communication de sortie de
crise. Le spot de 15 secondes diffusé sur TF1, France 2, France 3 et M6
entre le 22 mai et le 18 juin dernier conjugue optimisme et confiance.
Le commentaire - "D'Hendaye à la pointe de Grave, toutes les plages
d'Aquitaine sont prêtes à vous accueillir" - est sans ambiguïté sur la
qualité des prestations offertes. Pour confirmer cet optimisme, le film
propose un survol en hélicoptère d'une longue plage, sur laquelle un
enfant écrit , en lettres géantes, le nom de plusieurs sites du
littoral. Et le commentaire de conclure : "L'Aquitaine, retrouvez-la
comme vous l'avez toujours aimée!".
Avignon : la communication sur le pont
Comment
le festival "off" d'Avignon est devenu un des arguments touristiques
pour limiter les effets de l'annulation du 57e festival officiel.
Comme
chaque été, la ville s'apprêtait sereinement à accueillir les dizaines
de milliers de spectateurs et de touristes venus assister à son célèbre
festival de théâtre et de création artistique. En boycottant la
manifestation, les intermittents du spectacle en ont décidé autrement.
Faute de techniciens et de personnels indispensables au bon déroulement
de la programmation, les organisateurs ont dû, à regret, annuler la 57e
édition de ce festival de renommée internationale. Après la stupeur
provoquée par cette décision, la marie a décidé de réagir. L'impact
touristique, économique et médiatique d'un événement de cette ampleur
est tel que sa suppression oblige la ville à prendre les mesures
nécessaires pour en limiter les effets. Et, dans ce domaine, la
communication occupe une position clé. Quelques jours seulement après
l'annonce de l'annulation, des affiches faisaient leur apparition sur
les murs de Montpellier, Aix-en-Provence, Marseille, mais aussi Lyon et
Paris (plus de 500 emplacements au total). Sur fond de cité des Papes,
l'accroche retenue contient une forte promesse, tout en faisant une
allusion au thème du théâtre et donc du festival : "Avignon, le plus
beau rôle de votre été". Pour la ville, l'objectif est double. Il
s'agit tout d'abord de rappeler que seul le festival "in" est annulé,
mais que le "off" est toujours à l'affiche, avec ses 500 spectacles.
Ensuite, la disparition de cet événement - certes majeur dans la vie de
la cité - ne doit pas faire oublier les autres activités culturelles et
touristiques accessibles durant tout l'été. Conçue et mise en place en
un temps record, la campagne est également déclinée dans la presse
régionale et en radio. Par ailleurs, une action ciblée auprès des
médias étrangers spécialisés dans le tourisme complète le dispositif,
afin de valoriser les atouts et les opportunités de la ville auprès des
touristes européens.
Comment sortir de la crise ?
Catastrophe
naturelle, explosion industrielle, marée noire ou inondation... après
le traumatisme de l'événement, les collectivités locales mettent de
plus en plus fréquemment l'accent sur deux autres aspects de la
communication qui suivent la crise : le devoir de mémoire et
l'anticipation.
Comme l'indique Philippe Douste-Blazy en
ouverture de la brochure "Toulouse, un an après", la publication d'un
tel document "a pour seul ambition d'aider la mémoire et de servir de
réflexion". Si les Toulousains ont encore à l'esprit la date du 21
septembre 2001 - jour de l'explosion de l'usine AZF - la mairie a
souhaité rendre hommage aux disparus et remercier tout ceux qui l'ont
aidé dans la gestion de la catastrophe. La brochure souvenir de 32
pages retrace ainsi le calendrier des événements, depuis l'explosion le
vendredi 21 septembre à 10 h 17, jusqu'à l'achèvement des travaux de
réparation des bâtiments municipaux endommagés. Mais, au-delà du
constat très détaillé de la situation au jour le jour, "Toulouse, un an
après" propose également un bilan sur la gestion de la catastrophe. Des
insuffisances du système d'information à la réglementation des risques
industriels, en passant par la création d'un fonds d'indemnisation pour
les sinistrés ou le suivi médico-psychologique des victimes, chaque
thème fait l'objet de propositions destinées à améliorer la prise en
compte d'un tel événement dans toutes ses composantes. Dans le cadre de
sa communication de crise, la ville avait précédemment publié une
plaquette de 30 pages présentant un bilan complet, 6 mois après la
catastrophe, de l'affectation des 7,6 millions d'euros de dons envoyés
à la municipalité par des particuliers, des collectivités et des
entreprises. Objectif : rendre compte de l'importante mobilisation
suscitée par l'événement et assurer l'information financière sur la
gestion de cet élan de générosité.
Jouer la transparence
La volonté de tirer tous les enseignements d'une
crise majeure est également au coeur de l'action du conseil général de
l'Aude. Ce dernier a publié, près de trois ans après les inondations
qui ont ravagé le département en novembre 1999, un supplément spécial
de son magazine "Perspectives", intégralement consacré à ce thème.
Comme dans le cas de Toulouse, l'objectif affiché est de tirer les
leçons du passé, afin de mettre en place une politique préventive
efficace. Dans ce domaine, le département avait précédemment édité - à
5.000 exemplaires - un mémento du sinistré, destiné à répondre à toutes
les interrogations des habitants sur la conduite à tenir en cas
d'inondations (avant, pendant et après). Ce document, aujourd'hui
épuisé, est actuellement en cours de réédition.
Sans attendre un délai aussi long, le conseil général du Gard a mis en
ligne, sur son site internet, un bilan financier complet sur les aides
départementales accordées aux particuliers, aux entreprises et aux
communes pour la reconstruction. Ces multiples initiatives confirment,
si nécessaire, l'implication croissante des collectivités dans la
gestion de la communication lors des différentes étapes de la crise.
Quand la prévention des risques passe par les ondes
Le
programme européen d'information et de sensibilisation des citoyens à
la connaissance et à la prévention des risques prévoit
l'expérimentation, à Nîmes et à Bordeaux, de deux services
d'information par radio.
Baptisé Iris, ce projet repose
sur l'utilisation de radios locales pour sensibiliser la population aux
différents risques majeurs et l'informer sur la conduite à tenir en cas
de d'événements de cette nature. A Nîmes, Radio France Gard-Lozère doit
programmer, à la rentrée, une chronique hebdomadaire consacrée à la
gestion des risques. Celle-ci sera diffusée tous les samedis à deux
reprises (7h15 et 10h15). Par ailleurs, une émission quotidienne
intitulée "Paroles de sinistrés" est également prévue, ainsi que
plusieurs débats sur le thème des risques et de la prévention. Le
second projet prévoit la création, à Bordeaux, d'une radio locale
associative consacrée en partie à ce thème et destinée essentiellement
à un public d'enfants d'âge scolaire. La programmation repose sur
l'utilisation d'une banque de données élaborée avec le soutien de
l'Epra (Echange et productions radiophoniques), une banque de
programmes dédiée aux radios associatives. Un premier bilan sur la mise
en oeuvre de ces deux expériences sera présenté lors de la conférence
euro-méditerranéenne sur la prévention des risques qui se déroulera à
Madrid du 6 au 8 octobre 2003.
Aller plus loin sur le web :
Des dossiers sur la communication de crise en téléchargement sur ce
portail consacré au sujet. Précaution : l'éditeur est un cabinet de
consultants.
Une document pédagogique réalisé par les Affaires indiennes et du
Nord Canada sur la stratégie de communication concernant la délicate
question des ajouts de droits des communauté indiennes.